État du marché des bioplastiques en 2024
Lors de la conférence européenne sur les bioplastiques en 2024 qui a eu lieu à Berlin, en Allemagne,un événement majeur pour l’industrie des bioplastiques. Hasso von Pogrell, directeur général d’European Bioplastics et Pia Skoczinski experte principale en technologie et marchés à l’institut Nova, ont présenté la mise à jour du marché des bioplastiques.
En 2024, la capacité de production a atteint 2,47 millions de tonnes, contre 2,18 millions de tonnes en 2023. Elle devrait progresser pour atteindre 5,73 millions de tonnes d’ici 2029, selon les dernières données de l’EUBP (European Bioplastics), compilées en partenariat avec l’Institut Nova en Allemagne. En 2024, la répartition de la production totale était la suivante : le PLA représentait 22 %, le PA 20 %, le PTT 17 %, le PE 13 %, le CR 6 %, le PET 5 %, le PBAT (uniquement biosourcé) 5 % et le SCPC 4 %.
M. von Pogrell a souligné que la capacité de production de plastiques biodégradables devrait croître de façon significative, ces bioplastiques représentant une part de marché de plus en plus grande par rapport aux polymères non biodégradables tels que le PET, le PP et le PEF. Alors que ces derniers devraient atteindre un taux d’utilisation de 100 % en 2024, les plastiques biodégradables, comme le PLA, ne devraient atteindre qu’un taux d’utilisation de 35 %.
Le PLA représente une solution écologique aux plastiques classiques. Il est couramment utilisé dans des domaines comme l’emballage et les articles jetables, aidant ainsi à diminuer la consommation de plastiques à usage unique à l’échelle mondiale.
Les défis économiques des bioplastiques face à la
croissance de la production
Bien que la production de bioplastiques soit en forte croissance, atteignant 2,47 millions de tonnes en 2024, ces matériaux font face à des défis économiques considérables. Le coût de production des bioplastiques reste élevé, notamment en raison des taxes sur l’élimination des emballages et des pénalités liées à leur recyclabilité. Par exemple, le coût d’élimination des bioplastiques, comme le PLA ou le PHA, est bien supérieur à celui des plastiques recyclés ou vierges. Ce facteur, couplé à l’augmentation des taxes carbone dans plusieurs pays européens, impacte directement leur compétitivité sur le marché. Bien que les bioplastiques présentent des avantages environnementaux, leur coût total, prenant en compte les taxes et les frais d’élimination, les place encore dans une situation économique moins favorable comparée aux polymères traditionnels.
Taxe carbone
La taxe carbone est un impôt appliqué en fonction des émissions de CO2 générées lors de la production d’un matériau, calculé à partir du PRP (Profil de Réduction des Pollutions) de ce produit. Le PRP, quant à lui, est déterminé sur la base de l’Analyse du Cycle de Vie (ACV) du produit. Ces taxes varient selon les pays et sont appelées à augmenter, les gouvernements cherchant à financer la transition énergétique. Par exemple, à partir du 1er janvier 2024, la taxe carbone aux Pays-Bas pour les grandes installations industrielles sera fixée à 74,17 euros par tonne de CO2, tandis qu’en Allemagne, elle sera de 45 euros par tonne de CO2.
Taxe d’enlèvement des emballages
Noordegraaf a étudié le coût des bioplastiques en tenant compte de la taxe sur l’élimination des emballages, du prix du carbone, des pénalités sur les matériaux non recyclés et des prix des polymères. Ses données, collectées sur quatre ans, ont été publiées en 2024 par la Fédération néerlandaise de l’industrie du caoutchouc et du plastique. La taxe d’enlèvement des emballages varie fortement entre les pays européens, avec des coûts élevés pour les bioplastiques. En 2024, l’élimination du PLA/PHA pourrait coûter jusqu’à 4 033 €/kg en Belgique, bien plus que le prix d’achat. Comparativement, les plastiques recyclés ou vierges ont des coûts bien plus bas.
Vers un avenir plus compétitif pour les
bioplastiques, scénario 2024 vs 2050
Les pénalités sur le contenu non recyclé et les taxes sur les produits à usage unique varient selon les pays. Selon Noordegraaf, une charge de 450 €/tonne a été supposée pour ces taxes, avec des valeurs de référence sur les polymères et les matériaux utilisés en novembre 2023. En 2050, les bioplastiques, en particulier le bio-PE et le PHA, devraient devenir plus compétitifs en raison de l’impact de la taxe carbone, qui sera dix fois plus élevée en 2050 (près de 450 €/tonne contre 45 €/tonne en 2024). Les bioplastiques, malgré un prix relativement élevé, deviendront moins chers en comparaison avec des matériaux comme le PET et le PE recyclés, dont les prix augmenteront. Le PET vierge et l’aluminium connaîtront des hausses de prix considérables, par exemple, d’ici 2050, l’aluminium connaîtra une augmentation de 413 % de son prix. Les bioplastiques bénéficieront ainsi de leur faible empreinte carbone, mais leur production devra augmenter pour rivaliser avec d’autres polymères, bien que l’UE prévoie un triplement de son chiffre d’affaires d’ici 2028.